8.1.06

Quand une crevette rencontre un crabe.

Vingt ans, grand, mince et trop fainéant pour avoir un corps d'athlète. Je sais que seul le sport peut quelque chose pour moi. Sauf que d'avoir le corps d'un rugbyman, ça ne m'intéresse pas, je préfère m'assumer pleinement en tant que crevette. Quelques personnes de mon entourage me harcèle sur l'aspect physique.
"- Tu n'as que la peau sur les os!
- Ce n'est pas grave car toi tu as la tête pleine de graisse.
- Mais tu manges ?
- Non, rien ! Je suis en grève de la faim. Mes revendications: la connerie humaine doit cesser!
- Quel squelette !
- Oui je suis aussi fin que ton ouverture d'esprit !"
Pour certains, l'apparence compte, davantage pour eux que pour moi. Jamais sous cette pression, je ne cède à la tentation de m'inscrire dans une salle de sport où l'hétéro lambda cotoie le monsieur propre bodybuildé. Non à la gonflette. Oui à la crevette.

Vingt ans, l'âge où mes cellules ne se développent plus normalement. La falsification cellulaire se propage. Symboliquement l'incrustre frustre du crabe vient à la rencontre d'une crevette causette. Non sauvage, elle est prise dans les pinces de cette sale bête.

Cette rencontre est l'éclosion du malheur. Et ce n'est pas un leurre.

La vingtaine devenue incertaine, je délaisse ma vie urbaine pour la même rengaine.
Obscène, le crabe se déchaïne contre la crevette francilienne.
Par haine, cheftaine et zen, elle tente de le mettre à la benne.

Cela se fait avec peine.