6.4.06

Chimiothérapie intensive, acte 3 ; je ne réalise pas cette fin.

Eh bien voilà, c'est fini, je ne retournerais plus en chambre stérile pour suivre une chimiothérapie intensive. Et pourtant le cancer m'a joué tellement de tour que je ne suis plus certain de rien. Alors je crois en mon avenir, je le souhaite plus doux que dernièrement, mais je ne réalise pas la fin de ce trimestre cauchemardesque où les cures monopolisaient l'ensemble de mon temps.

Les dix jours de repos entre la cure 2 et la cure 3 m'ont été bénéfiques. Je suis arrivé avec un corps plus résistant. Même rite que la cure 2 : deux jours d'hydratation, cinq jours de chimiothérapie pendant douze heures chaque jour, arrivé en fin de semaine, je suis une loque. Le week end suivant reste le plus difficile, je suis une carcasse chimique, je me sens mal dans mon corps, je perds patience, mais je me rattrape en me disant que c'est la dernière fois. L'entrée en aplasie est calme, j'échappe à la mucite, je fais très peu de fièvre. Quelques jours après, je commence même à manger un peu : quelques crèmes desserts. Et puis des douleurs au ventre et une diarrhée me stoppent tout. Foudroyante, la chiasse me harcèle toutes les cinq minutes une après-midi complète, j'avale des Immodium à gogo, mais rien y fait. Quelques jours plus tard, tout rentre dans l'ordre. Je me sens bien, par conséquent, je trouve le temps encore plus long. L'enfermement me rend fou. Mais une mésaventure va tout me faire relativiser et je vais vite me rendre compte qu'être bien même si on trouve le temps libre interminable, ce n'est pas le pire. En effet, on décide de me transfuser des plaquettes. Patatra, je fais une réaction allergique. Mes yeux gonflent et ils pleurent. Les larmes m'aveuglent tellement elles sont nombreuses. Et je tousse comme un excessif, ça me pique dans le fond de la gorge, mais heureusement, je respire bien. L'équipe sur le qui-vive déboule dans ma chambre et me donne de la cortisone. Sous-oxygène, je récupère en vingt minutes. Je me suis fait peur, mais tout fini bien. Les derniers jours d'aplasie, je les passe avec 40°C de fièvre : deux jours, deux nuits. Et puis hop ! La température baisse radicalement, mes globules blancs augmentent franchement. Je suis prêt à reprendre ma liberté. C'est parti ! Je suis enfin dehors en me sentant le droit de revivre. Libre. J'espère.